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Comment Tester Une Pompe De Direction Assistée

Cette conférence a été présentée lors des journées d'étude de l'ARSI 2012

Introduction

1Traditionnellement, la douleur renvoie à 50'atteinte de la chair et la souffrance à 50'atteinte de la psyché. Cette stardom qui oppose dans un collage surréaliste le corps et 50'âme, comme deux entités distinctes ne doit pas prioriser la technique médicale au détriment du soin centré sur la personne et vice et versa. Douleur et souffrance vont de pair. La relation de soin, la médecine sont de par nature un fait social de relation. Le professionnel de santé, peut parfois projeter ses propres représentations sur la plainte exprimée par la personne soignée. Annotate dès lors, aller au-delà des stéréotypes, des prénotions, sans briser 50'émergence de la parole de l'être qui a mal, qui exprime sa souffrance ?

2Souffrir dans sa chair ou dans son âme. L'épreuve serait consubstantielle à notre espèce, apportant avec elle les doutes, les questionnements. Dans la biographie des individus, la douleur apparaît comme united nations élément à part. Toutefois, ces douleurs ne disposent pas du même impact symbolique. Souffrances vécues ou représentées sont-elles intemporelles et universelles, ou marquées du sceau de l'époque, de la culture, de l'histoire ou de la civilization ? Le dualisme soma/psyché, prendre soin/traiter a-t-il finalement un sens ? Il conviendrait de prendre soin du malade, aussi bien que de traiter sa maladie. Fifty'idéologie prégnante de « la science du progrès », de la « médecine technoscientifique » promue par les avancées de 50'analgésie ouvre à une nouvelle revendication : celle d'un monde sans souffrance (cf. utopie d'un monde meilleur).

3Il serait vrai que la toute-puissance de la douleur et de la souffrance remonterait à l'origine de 50'humanité (Le Breton, 2006) [i]. Lorsque dans le jardin d'Eden, Adam et Eve, encore angéliques, commettent le péché de transgression de l'ordre divin (ils découvrent qu'ils sont homme et femme), la malédiction divine les frappe. Cette malédiction consistera à inscrire advert vitam aeternam la souffrance dans leur condition d'être humain. La femme, tout d'abord, dont la fonction première est d'assurer la reproduction de 50'espèce humaine souffrira dans sa chair : « Tu enfanteras dans la douleur », voire pire dans la torture « tu enfanteras dans le travail ». [1] Quant à l'homme, dont la fonction est d'assurer les productions de vie pour l'espèce, il souffrira dans ses activités vitales : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton forepart ». Que dire de l'histoire de l'art et de certaines époques représentant les passions de fifty'âme ou les épreuves du corps, de la douleur, de la peur… Pour porter à son paroxysme le principe de douleur, le christianisme intégrera la souffrance même dans la substance de Dieu. La crucifixion se révèlera être la source d'images intarissables sur la souffrance dans notre imaginaire. Tout comme, l'expression universelle de la douleur, de la souffrance et de la terreur des damnés exprimée dans Le Jugement dernier de Michel-Ange (Chapelle Sixtine) ; La douleur physique et la stupeur révélées dans fifty'Arracheur de dents de Caravage (Renaissance) ; le profond désespoir de la buveuse et l'expression de sa douleur quotidienne dans Fifty'Absinthe de Degas (XIXè siècle) ; l'expression de la souffrance et du désespoir symbolisée par deux chefs-d'œuvre de 50'art abstrait, Le Cri de Munch et Guernica de Picasso… Dans quelle mesure notre propre représentation de la douleur, de la souffrance, a-t-elle été marquée, infléchie, conditionnée par ces représentations changeantes que nous propose fifty'histoire de 50'humanité, 50'histoire de l'art, la organized religion, la philosophie ? Dans quelle mesure n'existerait-il pas des différences d'opinions, d'attitudes, de représentations sociales de la douleur chez les personnes soignées hospitalisées ? Dans quelle mesure northward'existerait-il pas des traces idéologiques dans la représentation sociale de la douleur chez les personnes soignées ?

4Dans le cadre du soin, de nombreux travaux ont montré que l'étude des représentations sociales est pertinente. L'interaction thérapeutique southward'opère la plupart du temps autour et par les représentations que chacun des acteurs de cette interaction élabore à propos du soin, de la maladie, de la santé, voire du rôle qu'il est en mesure de tenir dans la relation thérapeutique. Dans united nations contexte social spécifique (fifty'hospitalisation), les représentations sociales de la douleur chez les personnes soignées se définissent par un ensemble de cognitions descriptives (connaissance), évaluatives (valeur) et prescriptives (action) dans un champ structuré présentant une signification utile à la compréhension des situations de soins. Celles-ci rendent compte à la fois du rapport que l'individu entretient avec l'objet représenté (expérience et vécu de la douleur) mais également de l'inscription de ce rapport dans un contexte social.

5En psychologie sociale, l'étude de la douleur présente un caractère innovant. Au cœur des sociétés humaines et au cœur de l'anthropos, saisir la construction sociale et culturelle de la représentation sociale de la douleur, c'est appréhender fifty'homme douloureux, l'homme souffrant au plus intime ; c'est essayer de comprendre comment fifty'objet social « douleur » peut être un élément actif de transformation des activités, des modes de vie, du projet de vie, des représentations du quotidien dans fifty'unité vécue d'une existence. Située dans le champ des Sciences de l'Education, s'appuyant sur le modèle théorique de « La pensée sociale » (Rouquette, 1973, 2009) [two] [3] et dans le modèle de la psychologie sociale de la santé (Morin & Apostolidis, 2002) [four], notre projet s'est inscrit dans une perspective de compréhension. La recherche présentée ici privilégie fifty'étude des relations entre attitudes, représentations sociales, idéologie et thêmata en interaction avec un contexte spécifique lié à l'hospitalisation, la douleur, la relation de soin soignants/soignés. Notre hypothèse est que les personnes soignées se construisent united nations savoir sur leur douleur à des fins pragmatiques. Ce savoir articulé autour de thêmata ancrés dans la culture, les contextes historiques et sociaux, reprend les oppositions entre corps versus âme, douleur physique versus souffrance morale. Elle se formalise de la manière suivante en lien avec l'approche théorique de la pensée sociale :

Figure 1

Le modèle de recherche : Taxonomie hiérarchisée de la pensée sociale

Figure 1

Le modèle de recherche : Taxonomie hiérarchisée de la pensée sociale

6La représentation sociale de la douleur chez les personnes soignées se forme à partir des thêmata (conceptions, images et catégories primitives partagées culturellement, transmises à travers la mémoire collective dans des contextes sociaux et historiques) selon la taxonomie oppositionnelle et le dualisme corps/âme, soma/psyché, douleur physique/souffrance morale. Cette représentation sociale attachée à des inscriptions sociales contextualisées informe sur la façon dont les personnes soignées se construisent un savoir sur leur douleur leur permettant d'agir, de s'orienter dans leur trajectoire de vie, d'adopter des stratégies d'observance thérapeutique adaptées.

7Pour Rouquette, la pensée sociale serait un système complexe et hiérarchisé, 1998,53, [5], qui pourrait correspondre à une sorte de taxonomie emboîtée, économiquement schématisée de la manière suivante :

8Idéologie (Représentations sociales (Attitudes (Opinions)))

9Composée d'embranchements successifs qui, dans un premier temps organisent des groupes d'opinions, puis, immédiatement à fifty'échelon supérieur, un système d'attitudes, auquel viennent faire suite les représentations sociales elles-mêmes. À l'étage au-dessus, south'organisent et se regroupent les idéologies qui seraient chapeautées, au dernier étage par les thêmata, ou « archétypes », ou idées-strength, ou mémoire collective ou mémoire résiduelle ».

Matériel et méthode

Le design de l'étude

10L'étude est monocentrique, longitudinale, reposant sur un devis mixte simultané avec triangulation (Hanson, 2005 ; Creswell, 2003) [half-dozen] [vii]. Ce devis de recherche consiste dans la collecte de données quantitatives et qualitatives. La comparaison des données des deux approches permet de déterminer fifty'existence d'invariants, de différences ou une autre combinaison possible. L'analyse des données est séparée et l'intégration se fait au moment de fifty'interprétation. Ce devis de recherche ouvre la voie à diverses perspectives et permet de mieux comprendre le phénomène observé, objet de fifty'étude.

11Nous rappelons ici, que cette recherche se fixait trois objectifs :

  • Appréhender les univers représentationnels (signification et images) de la douleur chez les patients hospitalisés au sein des hôpitaux de Toulouse ;
  • Etudier leurs régulations en fonction des insertions spécifiques des individus dans un ensemble de rapports symboliques et sociaux ;
  • Mettre en évidence la taxonomie oppositionnelle de thêmata corps/âme, soma/psyché, traiter/soigner dans la construction de la représentation sociale de la douleur.

Les caractéristiques de l'échantillon

12Notre échantillon de personnes soignées se répartit selon une proportion d'hommes (51 %) et de femmes (49 %). Fifty'échantillon se etch de 244 sujets. Les réponses émanent de 124 hommes et de 120 femmes. La moyenne d'âge de notre échantillon se situe à 53,53 ans avec un écart type de 15,45 et une étendue allant de 21 à 87 ans. La médiane de notre échantillon se situe à 56,5 ans.

13Nous avons dans united nations deuxième temps, dichotomisé notre échantillon en deux sous-échantillons douleur aiguë versus douleur chronique. Nous avons posé comme principe que les personnes soignées prises en charge dans les services de chirurgie au temps T0 de notre étude (comme la chirurgie traumatologique, la chirurgie cardiaque, la chirurgie digestive, les urgences…) présentaient des douleurs-symptômes. Cet échantillon porte le nom d'échantillon/chirurgie (douleur aiguë). L'échantillon/médecine (comme la rhumatologie, la diabétologie, la consultation HIV, la médecine interne, la dermatologie…) se compose des personnes soignées présentant une douleur chronique évoluant entre 3 et 6 mois. Au-delà de la durée, ce sont les altérations de la personnalité et les troubles du comportement qui marquent l'entrée dans la douleur chronique.

  • Echantillon/chirurgie (douleur = aiguë/ douleur-symptôme) : 50'échantillon se compose de 107 sujets. Les réponses émanent de 52 hommes et de 57 femmes. La moyenne d'âge de cet échantillon se situe à 54,59 ans avec un écart blazon de 17,14 et une étendue allant de 23 à 83 ans. La médiane de cet échantillon/chirurgie se situe à 58 ans.
  • Echantillon/médecine (douleur = chronique/douleur-maladie) : L'échantillon se etch de 137 sujets. Les réponses émanent de 72 hommes et de 65 femmes. La moyenne d'âge de cet échantillon se situe à 53,08 ans avec un écart blazon de fourteen et une étendue allant de 21 à 87 ans. La médiane de cet échantillon/médecine se situe à 55 ans.

Procédure et matériel

14Un questionnaire a été diffusé auprès des personnes soignées hospitalisées au sein des Hôpitaux de Toulouse. Le questionnaire a été validé par le Comité d'Ethique de Recherche Hospitalier. Fifty'anonymat des personnes et des structures investiguées ainsi que la confidentialité des données (information - respect et protection de la liberté des personnes se prêtant à une recherche - protection de fifty'anonymat et de la confidentialité des données) ont été respectés. Le questionnaire comprenait deux parties distinctes. La première visait à recueillir les données sociologiques des personnes soignées, ainsi que les variables contextuelles et situationnelles. La deuxième partie était constituée de plusieurs sous parties :

  • Un recueil d'associations libres (production de 3 termes associés au terme douleur) ;
  • United nations recueil d'attitudes avec l'utilisation de la version abrégée du Questionnaire sur les Attitudes envers la Douleur, Survey of Hurting Attitudes (QAD/F-SOPA) (Duquette et al., 2005 ; 2001) [8] [9] ;
  • Un recueil sur les croyances idéologiques de la douleur à l'aide d'indicateurs descriptifs basés sur des dictons, adages et proverbes en lien avec l'approche anthropologique de la douleur (Le Breton, 2006) [1] ;
  • Une question ouverte portant sur le récit de vie narratif du sujet vis-à-vis de la douleur dans une perspective phénoménologique en lien avec les travaux de Husserl, 1929, [10] ; Merleau Ponty, 1945, [11] et Ricœur, 1994, [12].

Traitement des données

15Les données concernant les attitudes exprimées vis-à-vis de la douleur ont été traitées avec le logiciel d'analyse statistique QUESTION-Data © (2007) et STATVIEW ©. Cascade comparer les pourcentages, nous avons utilisé le test du Chi-carré (exam statistique qui permet de tester 50'indépendance des variables entre elles au sein d'une table). Nous avons considéré comme statistiquement significatif les résultats dont le risque qu'ils soient obtenus par hasard, est inférieur à 5 % (p-value < 5 %).

16Le corpus des questions ouvertes a bénéficié d'une double analyse (une analyse de contenu manuelle et une analyse qualitative des données assistée par ordinateur à l'adjutant du logiciel ALCESTE©). Due south'agissant de comprendre le vécu de la douleur par la personne soignée, nous avons utilisé l'Analyse Interprétative Phénoménologique dans la lignée des travaux de Smith, 1995, [13] et de Kalampalikis, 2003, [14].

17Nous sommes partis du postulat que la personne soignée est, elle-même un herméneute, capable d'auto-analyser et de raconter son vécu vis-à-vis de la douleur ; que notre recueil de données repose sur des sources singulières et contextuelles (une personne soignée et son vécu dans une situation singulière d'hospitalisation).

Résultats

Les attitudes vis-à-vis de la douleur

18Pour chaque mental attitude (n = eighteen), les répondants devaient indiquer leur degré d'accord en choisissant une proposition parmi les quatre possibles, soit de 1 « en désaccord » à 4 « en accordance ». L'analyse des résultats permet de distinguer plusieurs niveaux d'adhésion : Celles qui font l'objet d'une adhésion très forte (> 75 %) et relativement forte (entre 60 et 75 %). Celles qui sont tendancielles (entre 40 et 60 %), enfin celles qui font l'objet d'un rejet (< à twoscore %).

Tableau 1

Attitudes liées à la douleur Les pourcentages correspondant aux réponses « légèrement en accord » et « en accord » *

Attitudes liées à la douleur Les pourcentages correspondant aux réponses « légèrement en accord » et « en accord » *

* : Différences significatives à p < .05 au examination du Khi-2 (X²)

19Les attitudes qui font l'objet de la plus forte adhésion concernent à la fois la prise en charge médicamenteuse (antalgique, guérison médicale) et non médicamenteuse (relaxation) de la douleur, ses contours et ses conditions (prendre le traitement antalgique au plus vite) et la valeur attribuée à cette douleur en tant que douleur signal ou douleur-symptôme d'un corps qui parle, qui alerte.

20À un degré plus faible, les attitudes qui font fifty'objet d'une adhésion tendancielle concernent à la fois les dimensions : « connaissance » ; « affectivo-émotionnelle » et « sollicitude ». Ce sont les caractéristiques « existentielles » de la douleur qui sont mises en avant.

21Les attitudes qui font l'objet d'un rejet manifeste concernent les dimensions : « religion » et « traitement médical ». Seulement 34,3 % de fifty'échantillon de Médecine (M) estime que la religion aide à supporter la douleur contre 27,1 % pour l'échantillon de Chirurgie (C), mais cette différence due north'est pas significative. Ce rejet attitudinal est renforcé par le deuxième item. Seulement 34,4 % (K) estime prier tout le temps pour que la douleur cesse contre 30,viii % (C).

Les croyances idéologiques vis-à-vis de la douleur

22Dans son ouvrage, Anthropologie de la douleur, David Le BRETON, 2006, 173, [ane] identifie les usages sociaux de la douleur sous la forme de sept déclinaisons :

  • l'offrande de la douleur ;
  • la douleur cascade exister ;
  • la douleur éducatrice ;
  • la douleur infligée ;
  • la douleur consentie de la culture sportive ;
  • la douleur initiatique ;
  • la douleur comme ouverture au monde.
Pour la dire cette douleur, les hommes, au fil du temps ont construit des expressions, des proverbes, des dictons et autres adages. Si le proverbe est une expression figée, de type métaphorique, il exprime une vérité d'expérience, united nations conseil connu de tout un groupe social. Par extension il désigne une sentence morale, une maxime de sagesse spécialement dans le langage biblique. Pour les Hébreux et les Araméens, il représente la parole du sage, le verbe (du latin verbum, « verbe »). Le dicton (du latin dictum, « mot, sentence »), se dit de nos jours dans un contexte d'une judgement populaire, passée en proverbe, dans une région donnée. Dès lors, cette partie du questionnaire se proposait d'explorer la question suivante :

23Les représentations sociales de la douleur sont-elles sous la dépendance de la pensée idéologique ou bien ces systèmes idéologiques due south'organisent-ils en fonction des représentations sociales en tant que pensée sociale ?

24Chaque dimension de la douleur était illustrée à l'aide d'un recueil de propositions (proverbes, dictons et autres adages relatifs à la douleur) évoquant idéologiquement le discours prégnant sur la douleur (ANNEXE I in extenso). Devant chaque catégorie contenant deux énoncés sous formes de dictons, le répondant devait indiquer son degré d'accord en termes de prise de position, sur une échelle de modalités ordonnées de Likert, 1932, [15] en ii points (Vrai – Faux). Cascade ce qui concerne la dimension idéologique de la douleur, les indicateurs retenus ne reposaient pas sur des questions directes. Pour contourner fifty'obstacle, nous avons au regard de chaque composante anthropologique, proposé une réponse indirecte sous forme de dictons.

25Dans cette deuxième étape de 50'analyse, les différentes données concernant les prises de positions idéologiques vis-à-vis de la douleur montrent que ces dernières traduisent un consensus sure autour de trois usages sociaux : « l'offrande de la douleur » ; « la douleur pour exister » ; « la douleur remède ». La douleur se donne à penser sur deux versants, à la fois 50'idée de fatalité et l'idée de la relativisation (par rapport au degré d'acceptabilité de la douleur) :

  • Le temps du souffrir, l'épreuve singulière :
    La question de la douleur revêt la valeur paradigmatique de la rétribution. Nous ne pouvons manquer d'évoquer ici la word du Livre de Chore, visant à justifier toute souffrance comme valant punition. La douleur est rédemptrice. Il faut la supporter sans se plaindre, south'y résigner cascade gagner le paradis. Dès lors se rencontrent dans le même touch, la patience du souffrir : « il faut prendre son mal en patience », le subi, 50'accepté, fifty'admissible, voire l'infligé (douleur induite par les soins, douleur induite par l'attente des résultats à des examens complémentaires). Au sens étymologique, la souffrance est passivité. Elle est reçue. Prendre conscience du mal et de la douleur, c'est avant tout subir et pâtir. Il semblerait que cette réalité soit reconnue et admise par les personnes soignées interviewées. « La souffrance est united nations état qui caractérise un être fini, limité. Or, la mort c'est la finitude. Et c'est certainement parce que nous sommes des êtres finis que nous souffrons » (Lévinas, 1971, 137) [xvi]. Ce serait une des formes de notre limitation. L'acceptation de la douleur, même dans sa quotidienneté, même dans le cadre d'une hospitalisation, serait 50'une des prémices de la finitude de tout être, l'ultime sens de la souffrance. Nous retrouvons le sens premier de la douleur, à savoir endurer et persévérer dans l'effort d'exister (« après la douleur vient la joie »). Car quel sens aurait alors la vie si la douleur n'en faisait pas partie intégrante.
  • L'espace de partage, l'influence réciproque :
    Existe-t-il une bonne ou mauvaise douleur, une douleur juste ou injuste ? Les personnes soignées interviewées évoquent la dialectique du « mal cascade united nations bien ». Si la douleur demeure une absurdité, un mal, l'être humain ne peut faire fifty'abstraction de sa sensibilité et de son corps. Ce mal désigné comme un bien peut être source d'une valeur positive. Ainsi la douleur peut avoir un degré d'acceptabilité positive, mais à condition que la phase de confrontation avec la souffrance soit achevée. Sous-entendu après l'épreuve du mal, le bien, la sérénité, la joie et la réaffirmation du sujet à l'issue de fifty'expérience douloureuse dans l'idée d'un nouveau rapport à soi. « Dans l'impasse de la douleur physique, le malade n'éprouve-t-il pas la simplicité indivisible de son être quand il se retourne dans son lit de souffrance pour trouver la position de paix ? » (Levinas, 1999, 30) [17].

Tableau 2

Synthèse des prises de positions idéologiques vis-à-vis de la douleur *

Synthèse des prises de positions idéologiques vis-à-vis de la douleur *

* : Différences significatives à p < .05 au test du X²

Les champs représentationnels de la douleur

26Les récits de vie ont bénéficié d'un traitement statistique à l'aide du logiciel d'analyse ALCESTE©. L'analyse du corpus a permis la mise en évidence de :

  • 4 classes lexicales différentes cascade l'échantillon de Médecine ;
  • 3 classes lexicales différentes pour 50'échantillon de Chirurgie.

Echantillon Médecine (n = 137 sujets)

27L'analyse ALCESTE© a fait apparaître quatre classes lexicales distinctes. Nous avons procédé à une Classification Hiérarchique Descendante (CHD) pour laquelle nous avons considéré les 10² qui nous ont paru les plus représentatifs de chaque classe au regard du X² moyen de la classe analysée. Cette première cartographie du discours obtenue grâce à l'analyse ALCESTE©, offre un ensemble relativement organisé.

28Classe 1 : 32 unités de contexte élémentaire (u.c.e.), Chi-deux moyen 6,81 : « L'irréductible solitude du sujet douloureux ».

29La douleur « existentielle ». Dans cette classe la douleur est perçue comme indissociable de fifty'expérience de la solitude. Il south'agit pour le sujet blazon de faire confront à la douleur. En parler, la dire, la verbaliser, renvoie à ce qu'il y a de plus intime et de singulier chez le sujet. La douleur échapperait à toute traduction langagière et intellectuelle. La décrire revient à lever le voile de la pudeur tout en y associant une difficulté et une gêne à se livrer. La perturbation occasionnée par la douleur introduit dans le rapport à soi et aux autres, notamment les proches, une communication complexe. La plupart du temps, l'entourage proche est perçu comme impuissant face à fifty'irréductible solitude et isolement du sujet souffrant. Par sa récurrence, la douleur devient synonyme d'isolement et de souffrance morale, porteuse d'une potentielle marginalisation sociale.

30Classe 2 : 44 u.c.eastward, Chi-deux moyen 8,61 : « L'entre-deuxcorps, médiateur de la douleur ».

31La douleur « état ». Le vécu de la douleur est indissociable de la corporéité. Au croisement de la douleur « état » et de l'identité d'un sujet affirmé (dans son acceptation d'état de malade), la douleur est vécue dans united nations processus d'accommodation. Le corps-objet, médiateur de la douleur renvoie à la lésion localisable (le dos, le bras, le ventre, le cou, la tête…), à cette being matérielle d'un corps défini dans le temps et l'espace. La douleur serait un effet de corps désagréable. En y ajoutant, la notion d'expérience, le corps devient un corps-sujet par lequel le sujet s'exprime. Cette notion de corps-vécu telle qu'elle a été développée par Merleau-Ponty renvoie au sens de 50'intime, à l'intériorité et à l'extériorité, au-dedans et au-dehors, à ce corps qui donne des limites, à son impact dans la dynamique de l'être. Les sujets épistémiques de cette classe de discours commentent leur représentation sociale de la douleur à travers ce corps qui ressent et s'exprime, qui impulse le sentiment de participer au monde et d'exister dans un tout. À la fois corps-objet et corps-sujet, la douleur surgit au carrefour de cet entre-deux-corps, en tant que présence.

32Classe 3 : 33 u.c.e, Chi-deux moyen half-dozen,89 : « La douleur en tant qu'appel à l'Autre »

33La douleur « fardeau ». Dans cette classe, l'ensemble des évocations illustre l'omniprésence d'une douleur « fardeau » qui se vit au quotidien, occasionnant une diminution des capacités du sujet, voire un profond désarroi. Dans ce quotidien, il y a cet appel à 50'Autre, spirituel ou laïque, presque une prière. La douleur « fardeau » convoque l'assist, la compréhension d'un Alter capable d'entendre et d'aider à porter toute la détresse abritée au sein de l'individu souffrant. Le sujet épistémique de cette classe pose la question fondamentale du soutien et de la recherche d'aide, dans cet appel à l'Autre. Une forme d'appel au secours. Si la douleur isole, c'est de cet isolement que naît 50'appel à fifty'Autre pour aider le sujet à vivre ce qui est de l'ordre de fifty'inconcevable. Il est intéressant de constater que la référence à la religion est faite dans cette classe de discours. Soit sur un versant positif avec fifty'aide spirituelle qu'elle apporte et la recherche de la compassion, soit sur un versant plus critique avec sa dévalorisation en termes d'impuissance, voire de pur produit d'une croyance issue d'une éducation religieuse. La faith due north'offrirait qu'un soutien partiel chez ces sujets dont l'existence est bouleversée professionnellement et familialement. Qualifiée d'impuissante, d'inutile, d'aucun secours, elle ne légitime pas la fatalité de la douleur. L'idée d'une douleur « acceptée » en raison d'un terreau chrétien ou cultuel (« Rédemption par la souffrance ») serait une notion fausse. Pour les sujets épistémiques de cette classe de discours narratif, la douleur due north'a aucune positivité et demande à être combattue.

34Classe 4 : 94 u.c.e, Chi-deux moyen iv,92 : « La plainte au centre de l'épreuve singulière »

35La douleur « partagée ». Il s'agit de la classe la plus importante. Elle s'oppose au bloc des classes 1 et 3. Dans cette classe, la douleur est appréhendée dans le partage du somatique et du psychologique, sur la juste frontière entre douleur et souffrance, dans 50'humanité singulière et dans la genèse de 50'expérience critique du sujet. L'approche est phénoménologique. Le discours narratif est distancié presque analytique. Il englobe le constat en termes de définition de la douleur et le bilan en termes d'expérience de la vie. La douleur est une donnée, un contenu du vécu. Elle éprouve et renforce le sentiment d'existence et la présence au monde du sujet dans la droite lignée des approches de David Le Breton lorsqu'il évoque la douleur comme ouverture au monde en ces mots : « La douleur est inhérente à la vie comme contrepoint qui donne sa pleine mesure à la ferveur d'exister. Vivre n'a de valeur que d'être virtuellement précaire, sous la menace. » (Le Breton, 2006, 218) [ane]. L'éprouvé douloureux dans sa dialectique douleur/souffrance se donne comme une figure de l'altérité. La douleur s'inscrit dans l'événement biographique et la conscience du sujet. Elle fait sens.

Echantillon Chirurgie (n = 107 sujets)

36L'analyse ALCESTE© a fait apparaître trois classes lexicales distinctes.

37Classe i : 34 u.c.e, Chi-deux moyen 7,79 : « Une accommodation antalgique et éducative centrée sur le sujet algique ».

38La douleur « prévenue ». Dans cette classe, la douleur est appréhendée dans le contexte spécifique de la période pré et post-opératoire et sur la nécessaire adaptation antalgique et éducative du sujet algique. La morphine® (10² : 47,15) en tant qu'antalgique opiacé de palier Iii constitue le terme phare de cette classe de discours. Cet opioïde fort bénéficie d'une paradigm positive d'efficacité en lien avec sa capacité à procurer un soulagement rapide pour affronter la douleur, mais également les craintes, les peurs et les doutes qu'elle suscite. Le contrôle de la douleur ne s'arrête pas à une bonne application de la prescription médicale. Si elle rend la douleur plus acceptable, la morphine® ne l'éradique pas pour autant. Le sujet épistémique de cette classe de discours évoque le souhait d'une prise en accuse globale de sa douleur dans ses deux aspects fondamentaux : physique versus psychologique. En dehors des douleurs somatiques identifiables, le sujet évoque la douleur dans sa composante psychologique. Toute hospitalisation, toute intervention chirurgicale s'accompagnent de son lot d'incertitudes, voire d'angoisse face au pronostic redouté. Le unproblematic fait d'être hospitalisé, d'être sorti de son contexte de vie habituelle a pour conséquence d'entraîner de véritables peurs chez la personne soignée. Fifty'irruption de la maladie et de la douleur éprouve l'événement biographique. Cependant, dans cette classe de discours, l'hôpital apparaît comme un espace accueillant et rassurant. Les professionnels de santé sont perçus comme perméables à la douleur. Les attitudes professionnelles de disponibilité, de prévenance, d'data, de germination (éducation thérapeutique) sont mises en exergue.

39Classe 2 : 37 u.c.eastward, Chi-deux moyen 6,75 : « La normalité souffrante ».

40La douleur « légitimée ». Dans cette classe, la douleur est appréhendée sous l'bending de la « normalité souffrante ». Le sujet type de cette classe adhère à l'idée selon laquelle il est « normal de souffrir à 50'hôpital ». Dans cette classe de discours, le sujet épistémique englobe le normal et le souffrir. Non seulement le sujet conscientise l'anomalie par rapport à son état habituel. Il souffre. C'est united nations fait. La douleur est betoken. Mais il estime que dans le contexte d'une hospitalisation, il est normal de souffrir. Tout se passe dans ce paradoxe. La souffrance, le souffrir sont légitimes. Si nous souffrons, c'est que quelque part nous sommes vivants, soumis à la loi du désir, à la loi de la mort. Le sujet blazon de cette classe le revendique. Comme il revendique un état de non-souffrance, un état à l'écart où la douleur peut être techniquement reconnue, médicalisée et ainsi réduite à united nations symptôme objectivable. Les variables illustratives de cette classe présentent des niveaux de Chi-deux d'association à la classe qui permettent d'isoler quelques caractéristiques notables. Le sujet épistémique de cette classe de discours est united nations homme (Ten² : 9,46), dont l'âge est supérieur à 65 ans (Ten² : 9,42). Il est actuellement à la retraite (10² : viii,74).

41Classe 3 : 118 u.c.due east, Chi-deux moyen four,15 : « La douleur physique n'est pas la souffrance »

42La douleur « morale ». Pour ce corpus « récit de vie » de l'échantillon chirurgie, il southward'agit de la classe la plus importante. Elle due south'oppose au bloc des classes 1 et 2. Dans cette classe, la douleur est abordée sous 50'angle de « l'être mal ». L'existence de cette douleur morale vient heurter la logique manichéenne d'une douleur physique et d'une souffrance psychique. À la douleur physique s'intrique la vraie souffrance, morale, inévitable, intruse. Cette douleur morale se porte ou se supporte. Elle pèse sur le quotidien, sur 50'entourage, sur le sentiment d'being. Comment faire cascade exister ? Exister avec cette douleur ? Exister pour cette douleur ? Exister après cette douleur ? Exister sans cette douleur ? Et puis cette blessure morale également dans le fait de ne pas être entendu, voire reconnu dans cette réalité éprouvée. Si la douleur physique renvoie à fifty'effraction du corps, le sujet type de cette classe de discours nous conte fifty'effraction de la psyché dans sa douleur morale. Outre le souci de ne pas exposer les proches à un spectacle pénible, 50'ébranlement de la souffrance morale peut de surcroît museler la parole de la personne soignée dans ce qu'elle vit et éprouve. Le souffrant est unique. Plusieurs signes distinctifs concernent ces personnes soignées. Il s'agit avant tout d'un sujet épistémique féminin (Ten² : 13,44), célibataire (X² : 10,06), ne vivant pas en couple (X² : 17,24), sans enfant (X² : 11,02). Il est à noter que ces variables illustratives observent un fort chi-deux d'association à la classe.

Discussion et considérations conclusives

43Les résultats de notre étude produisent des éléments de réflexion non seulement pour le domaine de 50'éducation à la santé des personnes soignées, de fifty'éducation thérapeutique, de l'éducation et de la formation des professionnels de santé mais également à des fins d'application praxéologique dans le domaine de la prise en accuse de la douleur.

44Quand la douleur est entrevue dans son acception de douleur-symptôme comme utile, comme indicate d'alerte, comme cause d'un état maladie, elle renvoie aux rapports sociaux dans un environnement social qui les conforte et s'inscrit dans un discours idéologique. « Il faut prendre son mal en patience » ; « après la douleur, vient la joie » ; « c'est united nations mal pour un bien », autant de prises de positions idéologiques retrouvées dans le discours narratif de fifty'échantillon des personnes soignées présentant une douleur aiguë (cf. La douleur légitimée : « la normalité souffrante »).

45Quand la douleur est entrevue dans son acception de douleurmaladie, elle est entrevue comme objet de « l'appel au lien » spirituel, familial, soignant/soigné dans une visée bio-psychosociale. Elle renvoie à la dimension de « la douleur comme ouverture au monde » et s'inscrit dans un discours éthique. Les personnes soignées évoquent la douleur-relation qu'il convient de ne pas occulter derrière des prises en charge thérapeutique de plus en plus efficaces au détriment de 50'écoute, de la seule présence de fifty'Autre, le semblable. Dans ces deux approches est invoquée la genèse de 50'interaction thérapeutique découlant d'un lien ou d'un appel au lien dans un core défini de prise en charge holistique de la personne soignée.

46In fine, quand la douleur est inscrite dans un discours symbolique et philosophique, elle pose la construction et le principe de l'entre-deux-corps. Ce corps qui ressent et s'exprime, qui impulse le sentiment de participer au monde et d'exister dans un tout. À la fois corps-objet et corps-sujet, la douleur surgit au carrefour de cet entre-deux-corps, en tant que présence dans un principe qui unit et sépare à la fois.

47Les images, les croyances enfouies et ancestrales (épicurisme, stoïcisme, hédonisme, humanisme, christianisme…) empreintes de contours religieux, voire philosophiques transmises à travers la advice et les actes de la vie quotidienne rendent plausibles et prépondérants l'being de ces trois types de discours dans la construction de la représentation sociale de la douleur.

48L'inscription de ce travail de recherche trouve sa légitimité dans fifty'ouverture multiréférentielle des Sciences de 50'Pedagogy. La prise en charge de la douleur, problématique sociale contemporaine, appréhendée autour des attitudes, des représentations sociales, des prises de positions idéologiques ; son évaluation (en tentant de rendre objectif ce qui est éminemment subjectif) ; la formation initiale et proceed des professionnels de santé sont autant de dimensions indispensables à prendre en compte dans toute démarche d'éducation cascade la santé de la personne soignée. Dans le champ de l'éducation à la santé, trois niveaux d'activités peuvent southward'intriquer :

Fifty'évaluation de la douleur… Un objectif de soin prioritaire des équipes soignantes :

49La question fondamentale qui se pose serait : peut-on mesurer quantitativement un phénomène aussi personnel, subjectif et polymorphe que la douleur d'autrui ? 50'exercice du prendre soin, outre des approches scientifiques, biomédicales, exige une approche centrée sur la parole du patient, sur ce qu'il dit, sur ce qu'il donne à voir. Chaque personne soignée est le propre témoin de son vécu. À l'instar du modèle grec, le colloque singulier devient un face up à confront générateur de bienveillance, de confiance et d'écoute. Dans ce climat serein, la personne soignée peut décrire sa douleur. 50'évaluation de la douleur ne peut rester sur des mesures chiffrées (Echelle Verbale Elementary : EVS ; Echelle Visuelle Analogique : EVA ; les échelles comportementales…). Au contraire, la qualité de fifty'évaluation dépendra de la richesse des informations recueillies au cours de cette relation soignant/soigné dans une approche centrée sur les besoins fondamentaux et la clinique. Fifty'objet de la relation de soin est ainsi de restaurer une « relation symétrique » permettant à la personne soignée d'expliciter fifty'importance de sa douleur vécue et au professionnel de santé d'être acteur dans la mise en œuvre de la prévention, de 50'évaluation et du soulagement de la douleur.

Les fondements d'une réflexion sur 50'éducation thérapeutique et la douleur :

50L'éducation thérapeutique est un processus continu, centrée sur la personne soignée, partie prenante des soins. Dans la prise en charge de la douleur, cette éducation prend en compte des activités de sensibilisation, d'data, de conseil, d'accompagnement pédagogique et psychosocial concernant la typologie de la douleur, les traitements prescrits, les soins, l'hospitalisation. Dans le matériel narratif de nos deux échantillons (Médecine et Chirurgie), nous avons mis en évidence combien cette éducation revêtait de 50'importance dans fifty'conquering d'un savoir, d'un savoir-faire et d'un savoir-être pour les personnes soignées afin qu'elles trouvent cet équilibre entre vie personnelle, vie professionnelle et leur douleur.

51Si l'observance thérapeutique des prescriptions antalgiques est respectée, l'éducation thérapeutique devrait mettre l'accent sur l'identification et la mise en évidence des préjugés et des croyances, encore bien prégnants (« Il faut prendre son mal en patience » ; « c'est un mal pour united nations bien » ; « après la douleur, vient la joie »). Cette démarche d'éducation, construite sur des choix éthiques et déontologiques fondée sur des valeurs de responsabilité partagée (personne soignée/ professionnel de santé) concerne aussi bien la vie quotidienne de la personne soignée, son environnement psychosocial, que sa famille ou ses proches.

52Son approche bio-psycho-sociale tient compte de trois axes éducatifs :

  • Un axe éducatif à orientation psychologique et existentielle : il due south'inscrit dans une activité communicationnelle, dans 50'interaction, dans fifty'intercompréhension. Il prend en compte la connaissance de la personne soignée (« ce qu'elle est » dans ses affects, ses représentations, ses ressources, ses capacités, ses manques, ses besoins, son projet de vie…) ;
  • United nations axe éducatif à orientation didactique et cerebral : cet axe s'inscrit dans une activité pédagogique qui s'intéresse aux processus d'apprentissage de la personne soignée. Il prend en compte le « comment », la personne soignée apprend (« ce qu'elle sait »), connaît et mémorise de sa douleur ;
  • Un axe éducatif à orientation technique et portant sur les aptitudes et les savoir-faire procéduraux : cet axe southward'inscrit dans la répétition des gestes techniques, dans l'habileté manuelle (par exemple : se servir d'une pompe PCA de morphine à délivrance commandée en discontinu). Il intéresse le domaine du savoir expérientiel et le vécu de la personne soignée dans ses apprentissages des gestes élémentaires d'motorcar-soin.

La formation initiale et go on des professionnels de santé :

53De nos jours, les Sciences Humaines manquent encore d'intégration dans les formations continues des professionnels de santé quant à la prise en accuse de la douleur. Le modèle qui prévaut est centré sur une approche curative et sur la prise en charge de la douleur aiguë. Cependant les aspects psychosociaux et pédagogiques sont pris en compte dans l'activité soignante. Le détour par la formation permet au praticien une mise à distance de ses pratiques, une relecture plus théorique de son activité. Dans le cadre de la prise en charge de la douleur, une stratégie politique de formation ciblée sur les deux approches paradigmatiques bio-médicale et bio-psycho-sociale devrait conduire à la professionnalisation des acteurs du soin et de la santé tout en instaurant une culture qualité dans fifty'évaluation des pratiques professionnelles.

Conclusion… relier la douleur et le soin

54La distinction fine qui est faite des deux sémiologies déclinées par les termes de douleur et souffrance, forme la matrice du sens du soin, et ainsi même la qualité de ce soin. Dans le cadre du soin, la relation personne soignée/professionnel de santé est singulière. Elle est une création unique qui doit souvent faire face à l'imprévisible. Si la douleur et la souffrance se relient dans une même circularité, la compréhension de l'une comme de l'autre doivent être interrogée par les soignants. Le contexte de la relation de soin ne se limite pas à l'échange d'informations verbales ou non verbales. Il est un core dans lequel southward'expriment des affects, des émotions, des représentations sociales avec un ancrage social et psychologique. Dans fifty'apprentissage des professionnels de santé, il est habituel de dire que la personne soignée est « sujet de soins » et non pas « objet de soins ». Or, bien souvent les personnes soignées expriment ce décalage. Cette sensation d'être united nations « objet de soins » est renforcé par le contenu même des interactions asymétriques qui est le plus souvent de type informatif, éducatif. Ainsi des incompréhensions voient le jour. Pour pour Morasz, 2002, [18], la dynamique de la souffrance s'aborde par la relation d'aide, la relation d'accompagnement, l'aide à la mise en mots, l'explicitation. Tandis que la sidération douloureuse (physique ou morale) requiert en premier lieu une activity à visée antalgique (médicamenteuse ou autre). Il ne s'agit pas de répondre par un acte (anxiolytique) à une demande d'adjutant ou par des mots à une demande de soulagement d'united nations patient douloureux. L'homme qui souffre d'avoir mal est touché dans sa totalité physique, psychique et spirituelle. C'est cette totalité qui est présente dans la relation de soin. Il est utile de rappeler que dans la prise en charge de la douleur, un agissant (professionnel de santé) n'a pas en face up de lui d'autres agissants, mais bien des patients (du latin patio, je souffre – je suis) qui supportent et acceptent son action de soin. Le « bien du soigné » doit être pensé comme une fin en soi. Ricœur, 2001, [19], estime que la souffrance de la personne soignée induit une relation de soin singulière qu'il définit comme un « pacte de soins ». Ce pacte est basé sur la présence, la confiance et la conscience comme une brotherhood scellée entre deux sujets et orienté vers un ennemi commun : la maladie. Cascade cet auteur, la relation est asymétrique, puisqu'elle oppose celui qui souffre à celui qui sait et qui peut. La personne soignée exprime sa souffrance comme une plainte, comme un appel au lien et cette expression contient une promesse (un serment implicite), united nations date à respecter le traitement prescrit. À 50'autre pôle de la relation, le professionnel de santé parcourt la moitié du chemin en acceptant la personne soignée. Dans cette relation de soin, « l'accord doit son caractère moral à la promesse tacite partagée par les deux protagonistes de remplir fidèlement leurs engagements respectifs » (Ricœur, 2001, 230) [xix]. Etre soignant serait alors incarner le soin et se mettre en position de se laisser interpeller par 50'Autre, celui qui souffre. Dans ce temps du soin, l'appel au lien par fifty'indice indirect de la souffrance est un appel se déclinant par :

  • « Un appel à être », la censor ne southward'inscrit pas dans une vision manichéenne du bien ou du mal, mais dans la conscientisation de l'être (Heidegger,1927) [20] ;
  • L'appel est « injonction », écouter sa conscience, c'est être enjoint et interpellé par 50'autre (Ricœur, 1994) [21] ;
  • 50'autre dans cet appel et l'« importance du visage ». Le visage, porteur de la souffrance invite le soignant à accueillir l'homme souffrant et ainsi le convie à assumer sa dignité de soignant et sa responsabilité d'humain (Levinas, 1985) [21].
La relation de soin du XXIè siècle se situe dans une approche modulée entre le modèle ontologique scientifique (la maladie est perçue comme une entité en totale indépendance du corps qui la porte. Elle est jugée autonome) et le modèle hippocratique, à visée plus humaniste, dans lequel la maladie fait partie des objets naturels du monde. La responsabilité proprement éthique de la relation de soin, à fifty'instar de celle réfléchie par Levinas (qu'il appelle « la responsabilité pour autrui » dans Totalité et infini) signifie que le sens de l'humain s'accomplit dès qu'il répond à l'appel de l'autre. Est qualifié de responsable celui ou celle qui répond à l'invocation que constitue la vulnérabilité (ici la douleur et/ou la souffrance) d'un autre. Dans cette expérience morale qui nourrit la relation de soin, le soignant éprouve cette responsabilité qui lui incombe dans l'écoute, la relation empathique, l'accompagnement. La sollicitude engage cette « responsabilité pour autrui » sur la voie du dialogue, de l'échange. Nous sommes responsables pour l'autre qui nous appelle depuis sa détresse, mais l'éthique de Levinas réintroduit, par le soin de sollicitude, une réciprocité. Prendre soin de l'autre dans la sollicitude, c'est dépasser l'unilatéralisme figé du rapport soignant/soigné (actif/passif, dominant/dominé…). Prendre soin de 50'autre dans la sollicitude, c'est retrouver cette tension éthique du sujet qui s'y oblige dans united nations devoir professionnel ni distant, ni froid. Prendre soin de l'autre dans la sollicitude, c'est retrouver en miroir la sagesse des Anciens [2] : c'est dans le soin de l'autre que trouve à se nourrir le soin de soi-même. Prendre soin de l'autre dans la sollicitude, c'est accepter son humilité d'humain en mettant de côté sa toute-puissance de soignant. Prendre soin de l'autre dans la sollicitude, c'est avoir à la conscience ces quelques lignes conclusives riches de sens extraites de 50'homme révolté (Camus, 1951) [22].

55

« […] l'homme ne peut que se proposer de diminuer arithmétiquement la douleur du monde. Mais fifty'injustice et la souffrance demeureront et, si limitées soient-elles, elles ne cesseront pas d'être le scandale ».

Remerciements

Ce travail de recherche (mené dans le core d'une thèse de doctorat en Sciences de fifty'Pedagogy - Université Toulouse II - Le Mirail) a bénéficié d'united nations mécénat de la Fondation de French republic dans le core de 50'appel à projets de recherche Soigner, soulager, accompagner. Que soient ici remerciés, les donateurs de la Fondation de French republic cascade la confiance qu'ils thousand'ont accordée.

Annexe I - Composantes des dictons, et indicateurs descriptifs

Notes

  • [1]

    Du latin tripalium ; instrument de torture à trois pieux.

  • [2]

    La relation de soin et d'accompagnement exige la formulation, fifty'établissement, l'explicitation d'une éthique spécifique et tout à fait singulière. L'idée même de soin et ses notions corollaires (comme l'idée de « souci ») étaient au cœur de l'éthique des Anciens. La spiritualité antique se définissait comme : thérapie de l'âme, souci de soi, soin apporté à son existence. À l'aide d'une série d'exercice et de techniques spirituelles, il s'agissait pour le disciple grec de se forger une construction intérieure qui puisse l'aider à accomplir correctement ses devoirs sociaux.

Comment Tester Une Pompe De Direction Assistée,

Source: https://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2012-3-page-65.htm

Posted by: cooperprotiong1973.blogspot.com

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